Aller au contenu

 

Dans la cour d'école

Violences passées sous silence

Les directions d'école interpellées

Le regard baigné par ses souvenirs d'enfance, Geneviève Martel avoue avoir supporté cette époque tumul­tueuse de son adolescence grâce, en partie, à sa famille. «Je crois surtout que le fait d'être épaulé et valorisé par des pairs ou des adultes de l'entourage constitue une arme face au rejet.»

«Bien des comportements violents, y compris les agressions indirectes, im­pliquent plusieurs interactions sociales à la fois, dit Pierrette Verlaan. Il y a l'agresseur et il y a la victime. Il y a aussi le groupe auquel appartient l'agresseur. Et si, en plus, le milieu scolaire demeure passif, la victime perçoit qu'elle est rejetée par toute son école.» C'est ici que le rôle de la direction prend toute son importance : son attitude face aux problèmes et aux besoins soulevés par toutes les formes de violence vécues dans l'établissement a un impact déterminant sur le climat scolaire et la conduite du personnel. L'attitude des parents joue aussi pour beaucoup : si sa détresse n'est pas reconnue par son milieu familial, l'enfant conclura que personne d'autre ne peut l'aider.

Pour se sentir en sécurité dans son école, l'élève doit surtout avoir la conviction que le milieu dans lequel il évolue ne tolère aucune manifestation de violence. Même si certaines écoles ont des règles claires quant aux comportements violents, plusieurs les appliquent de manière inconstante. Dans son enquête, Marie-Sol Caron a constaté qu'aucun règlement touchant spécifiquement les conduites agressives indirectes n'a été évoqué par les répondants. «Les directions d'écoles doivent reconnaître toutes les mani­festations de violence, même les plus subtiles, et émettre des politiques claires, pense Pierrette Verlaan. Elles doivent aussi impliquer les parents.»

En janvier 2007, le gouvernement québécois annonçait qu'il allait mettre en place un plan d'action pour lutter contre la violence à l'école. Au moment d'aller sous presse, le contenu de ce plan, tout comme les moyens qui l'accom­pa­gneront, n'étaient toujours pas dévoilés.

Aucune mesure, toutefois, ne saura répondre entièrement au besoin gran­dissant de repenser le rôle de l'école et de l'enseignant. Un rôle qui n'est désormais plus celui d'enseigner uniquement des matières scolaires, mais bien celui d'un milieu éducateur qui favorise les occasions d'apprendre et de grandir dans toutes les situations de la vie.